avril 25, 2024

Université Côte d’Azur . Le procès de la honte

Le 16 mai 2018, les directions de la COMUE UCA et de l’Université de Nice basculent dans la violence et le mensonge face à des étudiant·es pacifistes en lutte pour défendre leur avenir

Le 25 novembre prochain, Maxime Courtin, victime de violences et de menaces de mort par des membres de la direction et des agents de l’Université lors d’une action symbolique étudiante le 16 mai 2018, va passer devant le juge suite aux plaintes de deux agents et de l’université, dont un agent du service de sécurité incendie, en CDD au moment des faits. La victime se retrouve ainsi être l’accusé. Ce retournement est d’autant plus étrange que l’agent de sécurité incendie plaignant ne comptait pas porter plainte jusqu’à ce qu’un membre de la direction lui demande de le faire et l’accompagne au commissariat.

La ficelle est énorme, personne ne peut croire à une condamnation, et c’est même l’incompréhension que cette plainte n’ait pas été classée sans suite au vu des éléments sur les vidéos des évènements qui ont été diffusées sur les réseaux sociaux par les étudiants. Mais à Nice tout est possible : affaire Geneviève Legay, criminalisation et violences policières sur un responsable syndical de l’éducation nationale, laxisme avec les violences d’extrême-droite depuis plus de 20 ans , … .

Rappel des faits

Pour manifester leur opposition à ParcoursSup, à la loi « Orientation et réussite des étudiants » et à la mise en place de Master payants dans la COMU UCA, des étudiant·es en lutte ont décidé d’occuper la salle des actes du grand château Valrose le 16 mai 2018. Alors que l’action des étudiant·es étaient parfaitement pacifiste, des membres de la direction et des agents ont basculé dans la violence pour empêcher cette occupation. Une attitude disproportionnée au vu de la situation, que nous avons toujours du mal à comprendre.
Suite à cette occupation, de nombreuses accusations ont été proférées contre les étudiant·es mais aussi contre des syndicalistes, sans qu’aucun droit de réponse n’ait été accordé par la gouvernance de l’université. Et pour cause, les faits sont d’une telle gravité, que l’université a déployé tout ce qu’elle pouvait pour créer un contre-feu : mensonge sur les faits, intimidation de notre représentante syndicale pour empêcher une communication syndicale numérique, pression sur des agents présents, criminalisation d’un étudiant militant syndical, diffamation de camarades lors de conseils universitaires, … .

A l’occasion du procès (qu’on pourrait presque qualifier de politique) dont est victime Maxime, nous souhaitons répondre aux accusations formulés à l’époque par l’université et des membres dirigeants de l’UNS et de l’UCA lors de réunions officielles. La plupart des personnels et étudiant·es n’ayant eu qu’une version mensongère de « l’affaire » par la direction, cette dernière ayant bloqué les communications syndicales sur le sujet. Cela se passe dans une université française…

En préambule, à lire et voir sur le sujet :

Les vidéos des évènements diffusées par les étudiant sur les réseaux sociaux et reprisent dans les médias :

Réponse aux accusations

1. Les étudiant·es sont entrés par effraction dans le Château Valrose

FAUX

Les étudiant·es sont rentrés par la porte de sortie de secours qui avait été ouverte de l’intérieur. Pour rappel, les étudiant·es sont sur les campus chez eux/elles, comme nous le sommes aussi. Depuis quand sont-ils considérés comme des pestiférés dans des locaux universitaires ???

Il faut également rappeler aux plus anciens, et informer les plus jeunes, que l’occupation du château Valrose par les étudiant·es n’est pas une première mais quasiment « une tradition » dans les mouvements étudiant·es niçois ! Le président de la COMUE UCA lui-même se vantait auprès des étudiant·es en lutte de l’avoir occupé, comme pour obtenir leur sympathie. 

2. Des personnels membres de la CGT et de SUD auraient ouvert aux étudiant·es, une secrétaire aurait même vu l’un d’eux ouvrir

FAUX

C’est totalement impossible car :
1/ Ces personnels n’ont pas d’accès avec leur carte au bâtiment du château Valrose.
2/ Ils étaient à l’AG étudiante dans le parc Valrose pour rendre compte de la réunion entre le collectif « Sauve ta fac » et la direction de l’UNS et de l’UCA quand les étudiant·es ont décidé d’occuper la salle des actes. Le camarade qu’une secrétaire prétend avoir vue ouvrir était encore dans le parc quand les premier·es étudiant·es entraient dans le château. 
3/ Quand les deux personnels sont arrivés devant le château, une partie des étudiant·es était déjà rentrée. Un est rentré, l’autre pas.
4/ Nous avons demandé à ce que les enregistrements des caméras de surveillance du château soient visualisés pour prouver le mensonge. Ils ne l’ont jamais été. 

3. Il y aurait eu des personnels poussés dans la cage des escaliers du château

FAUX

C’est même le contraire : des membres de la direction qui se sont improvisés « vigiles » ont poussé dans les escaliers les étudiant·es en train de monter, risquant ainsi de provoquer une chute. Ce sont bien les dirigeants qui ont mis en danger l’intégrité physique des étudiant·es.

4. Les étudiant·es ont jeté des chaises de 15 kg sur les agents

FAUX

Aucune chaise n’a été lancée sur les personnels. 
Sur les vidéos, on voit un militant (Maxime) porter une chaise pour bloquer l’accès de la salle des actes. C’est ainsi qu’un pied de la chaise heurte légèrement la tête d’un personnel. Sur les vidéos, on voit et on entend distinctement Maxime s’excuser immédiatement et à plusieurs reprises. On le voit également reposer la chaise. Toujours sur les vidéos, on voit et entend également une secrétaire dire à l’agent que l’étudiant ne l’a pas fait exprès, elle le répète pour calmer les vigiles quand ceux-ci veulent attraper le militant.
Plutôt que de discuter et calmer le jeu, la direction a fait le choix de la confrontation et du chaos, cherchant l’incident. Ils n’ont trouvé que ça, et l’ont transformé en “jets de chaises”, prétendant avoir des vidéos prouvant leur dire. 4 ans plus tard, on les attend toujours, et pour cause. 

5. Il y aurait eu plusieurs victimes parmi les personnels

FAUX

Seul l’agent pré-cité a été légèrement heurté comme expliqué plus haut. Les vidéos semblent d’ailleurs refuter les dires de la gouvernance sur un traumatisme crânien et un problème aux cervicales. On voit très clairement sur la suite des videos l’agent en question monter sur les tables et s’y déplacer sans la moindre difficulté. Cet agent était également présent à son poste à l’entrée du campus Valrose dès le lendemain matin jusqu’à ce qu’un membre de la direction lui demande d’aller porter plainte et l’accompagne. Il a ensuite été revu en train de travailler alors qu’il était censé être en ITT. Cela laisse entendre que son état n’était pas, fort heureusement, celui décrit par l’Université.

Au sujet des dégradations

À savoir en préambule que les étudiant·es s’étaient dotés d’une charte de bon comportement vis-à-vis des personnes et du lieu. Ça a été une condition essentielle pour qu’ils votent l’action d’occupation. On voit d’ailleurs à plusieurs reprises sur les vidéos les étudiant·es calmer le jeu et rappeler de ne pas rentrer dans le jeu de violence de la direction. Sans le calme et la non-violence des étudiant·es, la situation aurait pu dégénérer par le seul fait de la direction qui a eu une réaction totalement non professionnelle et disproportionnée. 

6. Ils ont détérioré une peinture avec un fumigène.

FAUX 

Il ne s’agissait pas d’un fumigène incandescent, comme on peut les voir sur les manifestations, mais d’un pot fumigène fermé et protégé qui a été placé sur le rebord extérieur du bâtiment.

7. Ils ont détérioré des miroirs

FAUX 

Il y a eu sur des miroirs des marques faites au feutre effaçable. Il a simplement fallu à un des membres de Sauve Ta Fac 06, présent le lendemain dans une réunion qui se tenait dans la salle des actes, de passer un doigt pour enlever ces marques de feutre. 

8. Il aurait pu y avoir des centaines de milliers d’€ de dégradation

FAUX 

Il n’y a que Madame Irma et les charlatans qui peuvent évaluer des dégradations d’évènements qui n’ont pas eu lieu.Plus sérieusement, comme nous l’avons déjà écrit, les étudiant·es s’étaient dotés d’une charte, se sont montrés responsables et respectueux du patrimoine. C’est le calme et la détermination pacifiste des étudiant·es qui ont permis que rien de plus grave ne se produise.

Criminalisation de Maxime, étudiant membre du collectif « Sauve Ta Fac 06 »

9. Maxime, le jeune mis en garde à vue ne serait pas étudiant

VRAI et FAUX

Maxime n’était pas inscrit à l’Université au moment des événements car il était en année sabbatique. Cette interruption dans ses études ne l’empêchait pas de se préoccuper de l’avenir de l’Université, dans laquelle il a d’ailleurs depuis repris ses études. Il était sans doute plus étudiant, que de nombreux étudiant·es inscrits sans jamais mettre les pieds en TD ou cours. Depuis, Maxime a obtenu son Master en communication. 

10. Maxime serait un “dangereux activiste connu des services de police (communiqué de l’Université du 16 mai 2018)

FAUX

Maxime est un militant syndical et pas un “activiste” dont on comprend le sens voulu dans la bouche de nos adversaires. Et non il n’est pas dangereux. 

S’il est “connu des services de police”, c’est pour avoir tagué une banque lors d’une manifestation ! Voilà son haut fait de rébellion et de dangerosité : quelques cm2 de peinture sur une vitre. Ce n’est pas vraiment la reconstitution de la bande à Baader. La police ferait mieux de s’occuper des réseaux criminels et mafieux qui sévissent sur la Côte d’Azur, plutôt que de criminaliser les syndicalistes qui défendent leur travail, leur avenir, celui de la jeunesse.

11. La PJ serait venue prendre des empreintes dans la salle des actes

VRAI

La police est venue prendre des empreintes dans une salle où des centaines de mains sont passées et alors que se tenait un conseil (CFVU). On imagine l’efficacité. 

Mais finalement de quel crime était-il question pour se retrouver sur une scène des « Experts » au cœur de l’université ? Un fumigène, des chants dans un mégaphone, des dessins à l’encre effaçable… Il ne doit y avoir aucun problème de criminalité à Nice pour lancer une telle opération de police pour des faits insignifiants. Mais nous y sommes habitués : le 23 mars 2019, notre amie et camarade Geneviève Legay n’a t-elle pas été violentée et envoyée dans le coma par une charge de police surréaliste qui a d’ailleurs été dénoncée par un capitaine de gendarmerie présent ce jour-là. Des faits pour lesquels le procureur de la république a avoué avoir menti pour “protéger le président de la république” (lire sur sujet l’article de Libération : « Affaire Legay : le procureur de Nice a menti pour protéger Macron« ) . Le 9 mai 2019, notre collègue Olivier Sillam, professeur d’histoire dans le secondaire, n’a t-il pas été violenté sans retenue par la police pour avoir chanté “ A bas les condés”, puis condamné à 6 mois de prison avec sursis et 6 000 euros d’amende … pour un slogan chanté !?! Il ya de quoi se poser des questions sur le rôle de la police et de la justice à Nice.

Nous avons nous aussi des questions

Comment des étudiant·es remerciés à deux reprises  par la direction (dans un mail du Président, et lors d’une AG) pour leur bon comportement lors des blocages (aucun d’incident et aucune détérioration, selon le VP Dalloz lors d’une AG dans le parc Valrose) deviennent tout à coup de dangereux terroristes d’extrême-gauche ?

Comment expliquer que sur l’ensemble des témoignages et des vidéos, c’est uniquement Maxime qui subit toutes les violences de la direction et des vigiles, et ce à 5 reprises ? 
• dans les escaliers par le président de l’Université Côte d’Azur, 
• dans la salle des actes à deux reprises par un vigile,
• lors des menaces de mort proférées à deux reprises par le président de l’UCA
• et lors de l’intervention violente d’un chef de service.

Maxime, avec sa condamnation antérieure totalement ridicule, et sa réputation de “militant d’extrême-gauche”, n’a-t-il pas été choisi comme levier pour endiguer le mouvement contre les masters payants ?

Comment faire confiance à cette direction qui n’a eu aucune limite pour sauvegarder la réputation du président de l’UCA, jusqu’à faire pression sur un agent en CDD, et envoyer un jeune innocent 48 heures en garde à vue et devant la justice ?

Comment avoir osé considérer la simple occupation pacifiste d’une salle de réunion quasiment comme un acte terroriste en ouvrant une cellule psychologique pour les agents du grand château qui aurait été traumatisés. Traumatisés par quoi ? De voir des étudiant·es joyeux et qui défendent leur avenir ?
Comment avoir osé exploiter le climat dans lequel était notre ville moins de 2 ans après l’attentat du 14 juillet, pour créer le trouble quant à ce qui s’est déroulé ce jour-là ?
Il n’y a donc aucune limite chez ces mercenaires néo-libéraux pour mener à bien le projet de casse de l’enseignement supérieur ? 

Sur les accusations contre deux camarades de la CGT et de SUD 

Des élus de la liste Agir tous ensemble ont entendu le président de l’UCA, lors du CA de l’UCA du 16 juillet 2018, accuser deux camarades d’avoir organisé l’occupation du château et d’avoir ouvert aux étudiant·es, ce qui est faux comme nous l’avons expliqué plus haut.
Des personnels de la direction totalement étrangers à notre syndicat, mais choqués de ce qu’ils ont considéré comme un acharnement, ont également rapporté que le nom du camarade de la CGT avait été cité à plusieurs reprises dans plusieurs réunions comme organisateur de cette occupation, le mettant en difficulté vis à vis de ses collègues et de sa hiérarchie, sans doute le but recherché.
La direction de l’université n’a pourtant jamais eu le courage de la confrontation avec les organisations syndicales sur ce sujet.

Pour conclure

Au lieu d’essayer de sortir par le haut d’un situation dans laquelle elle s’est elle-même mise, l’université à décidé de jouer la carte de la criminalisation et du mensonge pour ne pas avoir à affronter les conséquences d’actes d’une extrême gravité. Une tactique d’une violence que nous pensions ne jamais vivre dans une université, lieu de savoir, de transmission et de débat.
Pour tout vous dire, quand nous avons compris jusqu’où pouvait aller cette affaire contre l’université, nous nous étions préparé à discuter avec les étudiants pour qu’ils n’attaquent pas l’université et les agents en justice afin de sortir de cette spirale qui ne pouvait qu’empirer, avec la condition que la direction soit prête à s’excuser et à ouvrir le dialogue qu’elle refusait depuis des mois. Sans doute sommes nous trop idéalistes et … « sentimentaux ». « L’autre camp » n’a eu quand à lui, ni hauteur de vue, ni compassion.
Jamais nous n’aurions pu imaginer un tel retournement de situation : une victime de violences et de menaces de mort qui se retrouve en garde à vue ; un agresseur soutenu par les politiques locaux de la droite-extrême, et jusqu’à la ministre de l’ESR Frédérique Vidal. La classe dominante unie pour sauver l’un des siens. Heureusement que les étudiants ont sorti les vidéos des évènements sur les réseaux sociaux, ce qui a sans doute sauver Maxime d’une condamnation à la hâte en comparution immédiate.

L’université de Nice est à jamais salie par cette « folie » collective de défense, quoi qu’il en coûte, du projet néo-libéral de transformation de l’université, et son principal porteur, le président de l’UCA.
Un seul mot nous vient à propos des ces petits individus, dirigeants, EC ou personnels BIATSS, qui ont participé à ces violences et à ces mensonges pour faire plaisir au pouvoir et se faire bien voir : pitoyables. Ils ne méritent que notre mépris.